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Le nombre de personnes en invalidité (incapacité de travail de plus d’un an) a presque doublé entre 2008 et 2021 et représente aujourd’hui le plus grand groupe sans emploi au sein de la population active. Plus d’une personne en invalidité sur trois souffre de dépression, de burnout ou d’anxiété. Alors que les enjeux humains et financiers soulevés par la question de l’invalidité pour raisons de santé mentale sont énormes, Solidaris et ses partenaires lèvent un coin du voile sur cette problématique.

 

RÉSULTATS

 

En ce qui concerne le profil sociodémographique, on constate que sept incapacités de travail de longue durée pour cause de troubles psychosociaux sur dix touchent des femmes. En outre, certains groupes présentent un risque accru de voir leur incapacité de travail de longue durée due à un trouble psychosocial se prolonger en invalidité : les bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM), les malades chroniques et les indépendants. Les employés sont, quant à eux, surreprésentés dans les incapacités de travail de longue durée liées au burnout. Par ailleurs, les moins de 45 ans représentent plus de la moitié des personnes en burnout de longue durée, des personnes ayant des troubles anxieux, et près des deux tiers des personnes ayant des troubles de l’humeur.

 

En outre, les consultations chez un généraliste et un spécialiste ainsi que la consommation de médicaments au cours du 6e mois de l’incapacité de travail primaire sont liées à un risque accru d’invalidité. Cela montre que l’on a effectivement une importante consommation de soins dans les mois qui précèdent l’entrée en invalidité, ce qui témoigne de l’état de santé fortement dégradé des travailleurs en incapacité de travail pour troubles psychosociaux. On observe d’ailleurs que 67,1% des incapacités de travail de longue durée pour cause de dépression se prolongent en invalidité. Pour les troubles anxieux et les burnouts, cette proportion est respectivement de 60,5% et 55,1%.

 

REVENDICATIONS

 

Face à ces constats accablants, Solidaris porte des revendications sur trois axes :

 

  • Une meilleure protection sociale

L’accès aux soins de santé mentale de première et deuxième ligne doit être renforcé. Cela implique des investissements massifs dans la santé mentale. Des moyens doivent être spécifiquement dédiés aux femmes, qui sont davantage exposées à la souffrance psychique en raison des inégalités de genre en matière d’emploi et de revenu, de politique familiale, de charge mentale et émotionnelle, de violences sexistes et sexuelles, d’accès aux soins, etc. Il en va de même pour les autres groupes vulnérables : les BIM, les jeunes et les malades chroniques. À ce niveau, Solidaris plaide pour la suppression des limites imposées au nombre de séances remboursées chez les psychologues de première ligne, la gratuité des séances pour les BIM, ainsi que pour l’élargissement de la pratique multidisciplinaire aux psychologues cliniciens dans les maisons médicales au forfait. Il faut également reconnaître le burnout comme maladie professionnelle pour que les travailleurs et travailleuses concernés bénéficient d’allocations sociales, d’un soutien financier pour leur traitement et d’un accompagnement vers une éventuelle reconversion.

 

  • Une réintégration des travailleurs malades de longue durée sur une base volontaire


La réintégration des malades de longue durée doit se faire sur base volontaire. Cette politique doit s’accompagner d’une suppression des sanctions à leur égard et la mise en place d’incitants financiers adéquats pour une reprise partielle et adaptée du travail. En outre, les médecins conseils et les équipes pluridisciplinaires doivent disposer des moyens leur permettant de fournir un accompagnement adapté aux situations individuelles, à fortiori lorsqu’ils sont en contact avec des groupes vulnérables.

 

  • Un changement de paradigme

Au cours des 10 dernières années, les efforts se sont concentrés sur le retour au travail des malades de longue durée. Force est de constater que leur nombre continue d’augmenter. Solidaris préconise de mettre l’accent également sur la prévention des risques psychosociaux sur les lieux de travail. Cela implique de responsabiliser les employeurs quant au bien-être et à la prévention au travail, notamment via la prise en charge du deuxième mois de maladie par l’employeur et via un contrôle efficace de l’application de la législation sur le bien-être au travail et de la lutte contre les risques psychosociaux.